Les Hommes des lacs

Ici nous sommes dans le Jura, au bord des lacs de Chalain et de Clairvaux. C’est un très beau site palafitte (structures sur pilotis qui forment les habitations lacustres des hommes préhistoriques), très simple et travaillé qui nous présente l’état des recherches dans ce milieu lacustre.
D’une manière très accessible on apprend beaucoup de choses sur la manière de vivre des hommes du Néolithique, il y a 5 000 ans.
Ces recherches sont faites par le Laboratoire de Chrono-écologie (UMR 6565, Centre National de la Recherche Scientifique et Université de Franche-Comté), et le Centre de Recherche Archéologique de la Vallée de l’Ain (C.R.A.V.A.). Ce sont aussi ces centres de recherche qui ont créé ce site internet. L’url de ce site étant toujours le même, a donc uniquement été mis le lien de la page d’accueil du site. On peut remarquer qu’il en est de même pour la plupart des article du gouvernement, peut-être dans le but de protéger les données (ex : « Archéologie sous les mers »)
Il faut également noter que derrière le Laboratoire de Chronologie-écologie et le CRAVA, il faut voir le nom de Pierre et d’Anne-Marie
Pétrequin (ethnoarchéologues, UMR 6249). Ils sont tous deux spécialistes du Néolithique des Alpes et de la France de l’Est. D’après le découpage chronologique spécifique à l’Université de Paris 1, le Néolithique s’étendrait en Europe (il commence plus tôt au Proche-Orient) d’environs 7500 av. J.-C., à 4500 J.-C., (début du Chalcolithique). Ces deux chercheurs s’intéressent plus précisément aux premières communautés agricoles, dont les lacs Chalain et Clairvaux 1, fouillés depuis 1970. D’après eux le principe de leur recherche serait de « Mettre des hypothèses ethnologiques , fondées sur l’observation de cultures contemporaines, à l’épreuve de cette archéologie du terrain ». Sans pour autant négliger l’apport de l’archéologie expérimentale. Chaque année ils retournent donc au contact de ces populations pour « réapprendre les gestes oubliés du temps de nos ancêtres ».
Le site se construit en 4 grandes parties :
Premièrement « Le territoire ». Nous est présenté la manière dont l’espace était appréhendé par les hommes qui s’étaient installés là. Ce territoire est présenté sous les aspects de la cueillette, de l’agriculture (dont les techniques utilisées sont abordées), de la localisation des champs et des espèces qui sont domestiquées. Après cela, nous pouvons voir l’organisation de l’élevage, de la pêche, de la chasse et de l’exploitation de la forêt.
Ensuite sous forme de zoom, c’est le village qui nous intéresse. Il est présenté sous différents aspects.
Tout d’abord, « Un village au bord de lac ? ». On se pose ici la question de savoir comment et pourquoi avoir choisi cet espace pour installer un village. Le côté défensif et les aspects liés à la pêche sont mis en avant pour répondre à cette question.
Cette problématique nous amène à la partie sur l’espace villageois, où l’on tente de comprendre comme se sont organisées les maisons à l’intérieur de l’enceinte du village, cinq sites se trouvant autour du lac de Chalain viennent, comme exemple, y répondre.
Concernant le climat et la démographie, ces domaines sont développés via l’approvisionnement en bois de construction, les rendements agricoles, le travail de la céramique, le nombre de villages et l’histoire des populations des lacs.
Puis une question très importante pour le Néolithique est soulevée : celle des inégalités sociales. Ces propo
s sont appuyés par les exemples des marqueurs sociaux, des étoffes, du rapport aux dieux et aux offrandes. A ce propos, c’est le chercheur au CNRS et ancien directeur de l’INRAP (de 2002 à 2008) Jean Paul Demoule qui a longuement développé ce point en archéologie. Vous pouvez ici visionner une conférence sur le site de l’INRAP. Elle s’intitule « Naissance des inégalités et prémisses de l’Etat : » La révolution Néolithique dans le monde. Aux origines de l’emprise humaine sur le vivant ». Il illustre son propos très connu sur les inégalités sociales qui seraient nées à partir de cette époque. Je vous encourage à regarder cette conférence car elle illustre bien le point de vue qu’ont généralement les archéologues spécialistes en Protohistoire européenne.
Puis ce sont les recherches faites autour de la mort qui prennent place dans la dernière page de cette partie.
Pour se rapprocher encore un peu de ces hommes, c’est maintenant leur habitat que le site souhaite nous faire découvrir. Et cela est fait avec une proximité avec laquelle nous ne sommes pas habitués. Nous rentrons ici presque dans l’intimité domestique par la visite d’une maison. Et là c’est le travail de l’archéologie expérimentale. Une page est consacrée aux méthodes de construction de ces maisons. Et pour clore cette partie on a accès à la cuisine. Quelques de recettes néolithiques nous sont même proposées ! Bon appétit !

Dans la partie qui suit, ce sont les recherches qui nous intéressent. Les recherches sont abordées sous différents aspects. Tout d’abord ce sont les méthodes de fouille en bord de lac qui sont présentées, avec notamment les prospections et sondages, ainsi que la stratigraphie (étude successive des différentes couches de la terre que l’on nomme unité stratigraphique, celles-ci peuvent être anthropiques ou naturelles) . Une grande place est accordée ici aux différentes problématiques liées aux vestiges : le dégagement des objets, des grands ensembles, les restes organiques et la conservation des matériaux périssables.
Dans la partie suivante la question posée est celle de l’avenir des lacs, des sites archéologiques et de leur protection.
De manière très formelle les acteurs de la recherche sont listés.
Et enfin ce sont les différentes formes de datation qui sont exposés : la dendrochronologie, la carpologie et la palynologie. Les explications faites à partir de mots qui peuvent impressionner sont très claires. Cette remarque est d’ailleurs valable pour l’ensemble du site!
La promenade : on peut comprendre l’organisation des villages autour d’abord du lac de Chalain puis de celui de Clairvaux. Les sites archéologiques sont disposés sur une vue satellite des lacs et en cliquant dessus, on accède à une explication de chacun de ces lieux.
Une page intitulée « Guide pratique » donne accès à des informations sur l’archéologie expérimentale, le musée d’archéologie de Lons-le-Saunier, le centre de recherches du CRAVA. Cette page propose aussi des itinéraires de promenade avec des belvédères naturels d’où il est possible d’appréhender l’espace où ces hommes du Néolithique ont vécu. Car les sites archéologiques ne sont pas accessibles au public. On a donc là la mise à disposition d’éléments scientifiques qui normalement ne sont pas visibles hors internet. D’où là tout l’intérêt d’utiliser les outils numériques, le web pour faire partager la connaissance scientifique à un plus large spectre d’individus.
Et bien sûr pour finir le panorama de ce site internet une bibliographie est donnée. Les ouvrages sont classés suivant ceux destinés au grand public ou aux spécialistes, les articles de référence, ainsi que quelques films.
Est également proposée une petite chronologie, qui comme le reste rend les périodes du Néolithique et des Âges des métaux très compréhensibles.
C’est un site que nous avons beaucoup apprécié, bien sur entre autre parce qu’il traite d’une période qui nous intéresse tout particulièrement. Mais aussi parce qu’il se veut très complet, facile d’accès, très travaillé d’un point de vue esthétique et surtout, il est didactique. Les images et les illustrations sont de qualité et la mise en page est claire, aérée. Tout a été réfléchi et il est agréable d’apprendre dans cet environnement.